MENTAL MATTER En

A solo show by It's Our Playground
22/04-05/06/2016
Les Bains-Douches, Alençon

“You don’t have a memory? Rent one or more,” the philosopher Jean-François Lyotard declared in the catalogue to the 1985 Les Immatériaux event at the Pompidou Center in Paris—in the chapter on artificial memories. He adds, “The great process of exteriorization of memories (inclusion in a bank of some kind), in this instance artistic, has begun. Memory once haunted us; now one accesses it, consults it. One can even get ‘artist pages’ on demand: the imaginary museum. Beginnings of a solution to the infernal question of storage. But what is the machine that handles sensibility?”1

Most of the time the stroboscopic stream that spreads over our screens yields constellations of appealing images, colors, shapes, and textures; the materials, names of artists, sources, and exhibition venues are mixed together. Our capacity for concentration is increasingly akin to hyper-attention,2 and our hyperactive gray matter demands constant stimulation, ingests ever greater amounts of content that our human memory alone is not enough to retain. Comparing the human body to hardware3 and behavior to software, the sociologist Theodor H. Nelson4 drew a parallel between the Human and the Machine when computer and technological developments were in their infancy in the 1960s. Since then our central processing unit seems to have developed nerve cells that are better adapted to our new way of consuming images, enabling quicker assimilation and storage.

Thus our neurons are apparently raising up part of our encephalon into a kind of Adobe™ series containing a software program for touching up photos, another for page-layout, and a third for graphic design in the service of our memories. Our brain possesses the necessary resources then for transforming the surplus of artworks into a raw material. The collages resulting from these operations, displayed here on the kinds of cloth backdrops generally used by photographers, will become digitized data that will in turn serve as possible material for fashioning new works of art. This is the ecosystem of Mental Matter, which will make our skull a limitless exhibition space.

IOP

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1 In Inventaire, published for Les Immatériaux, the “event” that ran at the Pompidou Center in Paris from 28 March to 15 July 1985.

2 The term “hyper-attention” was defined by the literary critic N. Katherine Hayles (St Louis, 1943) in 2007 as a form of addiction to media stimulation that increases the number of tasks and sources of information. She sets it against “deep attention,” which is a more precise, longer mode of concentration that she associates with reading for a long stretch of time, for example.

3 Theodor Holm Nelson (Chicago, 1937) is an American sociologist and pioneer in the history of computer technologies. He is considered to be the inventor of the term hypertext, which lies at the heart of his Xanadu project. Begun in 1960, Xanadu prefigured the internet coding protocol (HTTP) such as we have known it since the 1990s.
MENTAL MATTER Fr

Une exposition de It's Our Playground
22/04-05/06/2016
Les Bains-Douches, Alençon

« Vous n’avez pas de mémoire ? Louez-en une ou plusieurs. » déclarait le philosophe Jean-François Lyotard dans le catalogue de la manifestation Les Immatériaux au Centre Pompidou de Paris en 1985. Au chapitre des mémoires artificielles. Il poursuit : « Commence le grand processus d’extériorisation (de mise en banque) des souvenirs, ici artistiques. La mémoire nous habitait ; maintenant, on y accède, on la consulte. On peut même obtenir des « pages-artistes » sur demande : musée imaginaire. Débuts d’une solution à l’infernale question du stockage. Mais quelle est la machine qui se charge de la sensibilité ? »¹

Du flux stroboscopique qui s'étale sur nos écrans, résulte la plupart du temps, des constellations d’images attirantes, de couleurs, de formes, de textures ; les matériaux, les noms d’artistes, les sources, les lieux d’exposition se mélangent. Notre capacité de concentration s’apparente de plus en plus à de l’hyper-attention², notre matière grise hyperactive demande une stimulation constante, ingère toujours plus de contenu que notre mémoire humaine seule ne suffit à retenir. En comparant le corps humain à du hardware³ et le comportement à du software⁴, le sociologue Theodor H. Nelson⁵ rapprochait, au début du développement informatique et technologique dans les années 1960, l'Humain de la Machine. Depuis, notre unité centrale semble avoir développé des cellules nerveuses mieux adaptées à notre nouveau mode de consommation des images et permettant une assimilation et un stockage plus rapides.

Nos neurones érigeraient ainsi une partie de notre encéphale en une sorte de suite Adobe™ contenant un logiciel de retouche photo, un logiciel de mise en page, un autre de conception graphique au service de notre mémoire. Notre cerveau possède donc les ressources nécessaires pour transformer le trop-plein d’œuvres d’art en matériaux brut. Les collages résultants de ces opérations, exposés ici sur des fonds en tissus généralement utilisés par les photographes, deviendront ensuite des données numériques qui serviront à leur tour de matière potentielle pour composer des œuvres d’art. Tel est l’écosystème de Mental Matter qui fera de notre boite crânienne un espace d’exposition sans limite.

IOP

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¹ Dans Inventaire, ouvrage publié à l'occasion de la « manifestation » Les Immatériaux qui s'est tenue au Centre Pompidou de Paris du 28 mars au 15 juillet 1985.

² Le terme 'Hyper-Attention' a été défini par la critique littéraire N. Katherine Hayles (St Louis, 1943) en 2007 comme une forme de dépendance à la stimulation médiatique en multipliant les tâches et les sources d'informations. Elle l'oppose à l'attention profonde (Deep Attention), qui est un mode de concentration plus précis, plus long qu'elle associe à la lecture prolongé par exemple.

³ On considère comme hardware le matériel informatique.

⁴ Mot anglais pour logiciel.

⁵ Theodor Holm Nelson (Chicago, 1937) est un sociologue américain, pionnier de l'histoire des technologies de l'information. Il est considéré entre-autre comme l'inventeur du terme hypertexte qui était au cœur de son projet Xanadu, initié en 1960, qui préfigurait le protocole de codage d'Internet (HTTP) tel qu'on le connaît depuis les années 1990.